vendredi 28 janvier 2011

Isolation des toits plats ventilés

Si vous devez refaire la membrane d'étanchéité de votre toit plat vous devriez probablement songer à faire isoler davantage votre entretoit. Cependant, pour que l'isolant soit efficace il doit être installé au bon endroit. Généralement, l'isolant est plus performant contre les fuites d'air lorsqu'il se situe directement au-dessus du plafond. Ceci pourrait aussi éviter la formation de condensation et de moisissure sur vos plafonds sous le toit.  Voici quelques recommandations pour bien isoler votre toit.

Isoler au bon endroit Le mode de construction des toits plats ventilés de Montréal (et du Québec en général) est constitué d'une première structure horizontale de plafond et d'une deuxième structure inclinée de toit prenant appui sur la structure du plafond.
Pour être efficace, l'isolant doit être posé dans la structure horizontale du plafond afin de bloquer les fuites d'air chaud. On injecte généralement de l'isolant de cellulose entre les solives du plafond. Cet isolant est mis sous pression à une densité de 3 livres par pied cube entre le placoplâtre et le platelage de bois.
Pour obtenir une isolation plus performante il est possible d'ajouter de l'isolant dans la structure du toit au-dessus du platelage de bois. L'ensemble peut atteindre une valeur de R-40 en demeurant rentable.  Par contre, il faut laisser 1 pouce (2,5 cm) de ventilation sous les chevrons de l'entretoit pour évacuer l'humidité et éviter la condensation.

Des économies de chauffage significatives
Dans un immeuble âgé et peu étanche aux fuites d'air l'isolation du toit aura un effet très positif sur la réduction des coûts de chauffage et de climatisation. Cette réduction peut atteindre de 10 à 30%.
L'isolant de fibre cellulosique est fabriqué de papier recyclé, traité pour être ignifuge et imputrescible. La fibre cellulosique injectée a une double efficacité;  elle retient les fuites d'air chaud et la chaleur radiante.
Des fuites de chaleur importantes se produisent aussi par les percées mécaniques du toit et au joint des murs de maçonnerie. Il faut généralement sceller ses fuites à l'aide d'isolant gonflant de polyuréthane.

La structure est-elle suffisante? 
L'isolation d'un toit favorise l’accumulation de neige en empêchant la chaleur de la maison de faire fondre la neige du toit. Un entrepreneur consciencieux doit évaluer la capacité du toit à supporter ce surplus de poids. Il doit aussi proposer des correctifs à la structure si nécessaire.

Voir aussi Isolation murs toits fondations 

Le toit vert idéal pour Rosemont...ou Montréal

Les toits végétalisés font les manchettes des médias depuis déjà plusieurs années. Les grandes entreprises, les gouvernements, les sociétés d'état ou para-municipales se font du capital politique "vert" avec de grandes campagnes promotionnelles sur des réalisations d'une insignifiance incroyable mais les réalisations de grands toits verts tardent à se réaliser et ne se réaliseront probablement pas.

Pourquoi si peu de toits verts végétalisés?
Les toits végétalisés tels qu'ils sont conçus au Québec ne sont pas appropriés aux variations extrêmes de température, à nos modes de construction ni à nos usages.
Ils sont très coûteux de construction, d'infrastructure, d'entretien et contrairement à tout ce qui est dit et écrit à leur sujet par les fabricants de toits verts, ils ont peu d'impact d'économie d'énergie au Canada. En effet, nos toits étant extrêmement bien isolés comparativement aux États-Unis et à l'Europe, la présence de terre et de végétaux à peu d'impact sur les pertes et les gains énergétiques.
De plus, pour être vraiment écologiques les toits végétalisés ne devraient pas nécessiter d'arrosage intensif durant les périodes de canicule estivale, au moment où on demande aux citoyens d'économiser l'eau. Or, ces systèmes sont de très grandes surfaces de végétaux exposés au soleil et au vent, qui maximise l'évaporation de l'eau et ils utilisent des sols légers qui ne retiennent pas beaucoup d'eau.

Et finalement, qui veut aller sur un toit végétalisé au gros soleil durant l'été ? Ce toit sert-il les besoins des citoyens? Sert-il les besoins de la société ou même de l'environnement?

Un toit vert simple, économique et... agréable 
Pour les toits végétalisés je préconise depuis plusieurs années la culture en bacs de plantes grimpantes rustiques comme les vignes vierges. Ces plants ont de très nombreux avantages:
- ils créent un ombrage sur les toits, réduisant l'effet d'îlot de chaleur et augmentant la durée de vie des membranes, quelque soit le type de membrane d'étanchéité
- ils utilisent des bacs légers qui n'ajoutent pas un poids significatif sur la structure des toits et qui peuvent être positionnés à des endroits stratégiques près des points d'appui structuraux.
- ils évitent l'évaporation et le gaspillage d'eau. Toute l'eau utilisée est consommée par les plants.
- ils n'ont pas besoin d'entretien ou de pesticide. L'arrosage peut être automatisé.
- ils supportent davantage la biodiversité: insectes, oiseaux, papillons, abeilles, etc
- ils peuvent, si désiré, se transformer en bacs de culture potagère
- ils peuvent créer des lieux extérieurs ombragés, intimes et bien ventilés pour les citadins
- ils ne coûtent presque rien par mètre carré d'utilisation.
- ils ne cachent pas l'accès à la membrane d'étanchéité. Des réparations ou des changements sont faciles.
- les bacs peuvent servir de récipients pour récupérer l'eau usée des immeubles et arroser les plants décoratifs
- les plants ne touchent pas au toit et ne peuvent pas endommager la membrane avec leurs racines

Le bac parfait de toit-jardin
Il est facile et très peu coûteux de construire de longs bacs de culture à partir de feuilles de plastique recyclé de 4 pieds sur 8 pieds d'une épaisseur de 3/8 ou de 1/2 pouce. Ceux-ci sont légers, ne pourriront pas, n'ont besoin d'aucun entretien et résistent aux UV.
Un treillis en tuyaux de plomberie de cuivre de 1/2 pouce deviendra brun puis d'un beau vert oxydé après un an. Sans peinture ni entretien.

Les meilleures plantes, les meilleures utilisations
Personnellement j'aime bien les vignes vierges car elles poussent très rapidement (3 mètres par année) résistent à des températures extrêmes et n'ont pas de maladie. En automne elles deviennent d'un beau rouge orangé et après la chute des feuilles celles-ci sèchent et sont balayées par le vent hors du toit.
Les vignes font du bois permanent, elles captent donc du CO2. Au printemps, dès que le soleil est de retour, les feuilles apparaissent et végétalisent rapidement tout le toit.
Ce système est idéal pour couvrir de très grandes surfaces comme des centres d'achat, des bureaux, des résidences de personnes âgées, des édifices municipaux et tout immeuble où des occupants veulent bénéficier d'un lieu extérieur ombragé,  intime et végétalisé.

Toits blancs à Rosemont: attention au choix de toitures (couvertures)



L'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie vient d'adopter son règlement visant à réduire l'effet d'îlots de chaleur urbains en obligeant, entre autres, les propriétaires à refaire leur toiture avec un toit végétalisé ou un matériau réfléchissant la lumière.Il semble que les arrondissements du Sud-Ouest et de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve envisageraient aussi d'appliquer une politique semblable dite de "toits blancs".

Un toit blanc, réfléchissant ou végétalisé
Les toitures autorisées par l'arrondissement sur un toit plat devront être végétalisées ou avoir un indice de réflectance solaire d'au moins 78.
Pour les toits à haute réflectance, ceci réduit le choix des matériaux à des membranes blanches EPDM ou TPO, de type bi-couche élastomère à granules blancs, à des peintures ou enduits blancs (ou aluminisés), ou à l'utilisation de gravier blanc sur toiture d'asphalte.
Pour les toits végétalisés, je suggère fortement l'utilisation de vignes vierges en bacs de culture poussant sur treillis aérien pour ombrager les toitures. Sur les toits résidentiels en bois de Montréal, les toits végétalisés extensifs sont beaucoup trop coûteux et trop lourds (même les systèmes dit ultralégers). De plus, ils deviennent très problématiques lors de canicules car il faudrait les arroser régulièrement en période de manque d'eau...ce qui serait aberrant.

 
Pour lutter contre les îlots de chaleur à Montréal
Je fus parmi les premiers architectes à faire la promotion des toits blancs pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. Cette pratique me semble surtout intéressante dans les secteurs industriels, où les problèmes d'îlots de chaleur sont plus importants que dans les secteurs résidentiels. L'arrondissement de Saint-Laurent, par exemple, est de loin l'arrondissement ayant le plus de surfaces d'îlots de chaleur à Montréal. En ce sens, l'expérimentation de ce règlement dans l'arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie est à suivre et ce, tant au niveau des performances de réduction de température, des choix de toitures que des impacts esthétiques.

Réduction de température?
Il n'est pas du tout certain que l'utilisation de toitures à granules ou à graviers blancs sera plus efficace que l'utilisation des granules et graviers utilisés actuellement qui sont de couleur gris pâle. En effet, il est probable que ces membranes granulées se salieront et deviendront gris pâle en vieilissant. Le pire serait qu'elles se salissent de manière inégale et qu'elles ressemblent à de la neige sale. Personne ne veut contempler un banc de neige sale à perpétuité. Faudra-t-il laver les toits de Montréal? Faudra-t-il instaurer une police de propreté des toits?
En ce sens, je recommande plutôt les membranes monocouches EPDM et TPO. Elles sont lisses et plus facilement nettoyées par la pluie. La saleté devrait être moins problématique.


Des toitures plus écologique?
En moyenne, les membranes bi-couche élastomères durent seulement 33% de plus que les toitures d'asphalte et gravier. Ce sont des produits bitumineux et elles ne sont pas recyclables actuellement. Leur avantage est essentiellement relié à leur durée et à un entretien réduit.
Enduire le gravier d'une peinture serait probablement dangereux d'un point de vue environnemental. La peinture exposée au soleil et humidifiée en hiver se désagrégerait rapidement et irait directement dans l'eau de pluie des drains de toitures. Un désastre environnemental à mon avis.  

Les toitures EPDM et TPO sont probablement plus écologiques. Certaines sont recyclables et leur durée se situe entre 30 et 40 ans. Cependant, il y a peu de fabricants de ces membranes et peu d'installateurs expérimentés. De nombreux problèmes d'installation sont à prévoir dans les premières années car pour répondre à cette demande subite de nombreux couvreurs feront leurs expériences sur le dos des consommateurs. 

Une expérience à suivre.
L'expérience de l'arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie est à suivre. Elle pourrait s'avérer positive et sera certainement instructive. Mais avant de l'étendre à d'autres arrondissements, attendons de voir si les avantages seront au rendez-vous car les chemins de l'enfer sont parfois pavés de bonnes intentions.

Autres informations : Toits blancs